Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Martha


de Rainer W. Fassbinder



RÉTROSPECTIVE FASSBINDER • AVRIL-MAI 2018

Allemagne, 1974, 1h56, VOSTF
avec Margit Carstensen, Karlheinz Böhm, Barbara Valentin
NUM • VERSION RESTAURÉE

Martha
À l’occasion de la mort de son père, dont, à plus de trente ans, elle restait très dépendante, Martha rencontre, à Rome, un homme qui deviendra l’homme de sa vie. Pour le meilleur et pour le pire... Au bord du Lac de Constance, dans les décors sophistiqués des demeures de la grande bourgeoisie où les miroirs démultiplient les personnages, une description ambiguë et parfois cruelle des rapports d’un couple où la femme victime est peut être consentante. Une étude poussée sur des relations sadomasochistes ? Ce film est tiré d’une nouvelle américaine. La protagoniste de Fassbinder porte le nom de Martha Hyer, star hollywoodienne des années soixante, comédienne chez Douglas Sirk : le tropisme hollywoodien de Fassbinder se précise.

Margit Carstensen : Le comportement de Martha, je ne peux l'imaginer que chez une malade.
R. W. Fassbinder : Oui, mais elle n'est pas malade, elle est pleinement ce que sont toutes les femmes, à l'intérieur d'elles-mêmes.
Pas toutes les femmes. Pas moi, par exemple. Ou alors, si j'étais comme ça, je me défendrais.
Comment veux-tu te défendre contre quelque chose qu'on inflige aux femmes depuis des millénaires ? En même temps, on a fait d'elles des êtres beaucoup trop faibles pour pouvoir se défendre, même si elles en avaient envie. Lorsqu'on veut se défendre, il faut d'abord savoir contre quoi, et ensuite trouver la force de le faire.
Tu cherches à me mystifier. Il y a toujours plus de femmes qui refusent de se laisser faire par les hommes.
Toi, par exemple, n'importe quel homme peut te faire ce qu'il veut. Je pourrais très bien t'opprimer.
Dans le travail, mais plus maintenant. Maintenant je ne suis plus dépendante de toi.
C'est une autre forme de dépendance, celle à laquelle je pense, qui n'a rien à voir avec toi et avec moi, mais avec ce qu'on a fait aux femmes de par la position dans laquelle elles se trouvent. Un homme peut te blesser, il peut t'humilier.
Ça, une femme peut aussi le faire avec un homme.
Bien sûr. Mais un homme peut opprimer une femme simplement en lui faisant remarquer qu'elle est une femme. Et c'est ça qui est monstrueux.
Avec moi, ça ne marcherait pas. Extrait de : Jeux télévisés, Westdeutscher Rundfunk, Cologne, janvier-juin 1974 (fascicule GNCR)

Séances • Mai 2018

- - mercredi 9/05 20:45 - - dimanche 13/05 13:30 - - vendredi 18/05 16:45

Extrait vidéo (VO)