Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Pursuit of Loneliness


de Laurence Thrush



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • AVRIL 2016

USA, 2016, 1h36, VOSTF
avec Joy Hille, Sandra Escalante, Suzanne Faha
NUM • SORTIE NATIONALE



Pursuit of Loneliness
A Los Angeles, une femme âgée meurt anonymement dans un hôpital du comté. Durant les 24 heures suivantes, quatre personnages centraux partent à la recherche de la famille de la défunte. "Je vis à Los Angeles depuis plusieurs années déjà, et j'ai toujours été fasciné par le nombre de personnes qui viennent s'installer dans cette ville sans y avoir de liens familiaux, ni de racines particulières, et par le sentiment d'isolement et de solitude qu'elles éprouvent souvent. Plus je faisais des recherches sur les cas de personnes mourant seules à Los Angeles, sans aucun proche, aucun parent, plus je découvrais une nouvelle facette de cette ville, rarement décrite dans les films ou à la télévision." Laurence Thrush

"Comme dans le très beau film précédent du réalisateur, également sorti avec plusieurs années de retard (De l'autre côté de la porte, 2009), le personnage principale de Pursuit of Loneliness est absent du réseau d'activité auxquelles il donne lieu. Cynthia Ratsch, vieille dame sans famille, meurt à l'hôpital de Los Angeles. On ne la verra qu'à l'occasion de quelques flash-back, tandis qu'une poignée de fonctionnaires s'activent pour faire un sort à ce qu'elle laisse (une maison débordante d'objets et deux petits chiens). Cette approche protocolaire de la mort a d'abord quelque chose de déroutant. Thrush filme avant tout les objets, et les cadres pourraient être ceux de caméras de surveillance posées aléatoirement dans l'espace. De ce point de vue, les humains ne sont qu'un moment de la vie des choses, passant dans leur champ de vision désespérément neutre. Quelques dossiers ouverts à son nom, de petites étiquettes et quelques coups de téléphone ; c'est dérisoire au regard de l'immensité de sa solitude, mais on n'a pas mieux à proposer à la mémoire de cette morte. Les activités minimes et routinières la concernant n'occupent même pas le centre de l'attention (les coups de fil et autres démarches ont souvent lieu au fond du plan). D'où vient donc la douceur qui émane de ce film? Probablement de ce que cette réification généralisée entraîne paradoxalement un regard éthique. Car la solitude actuelle se caractérise par une absence à soi, à ses propres émotions : d’où la tentative désespérée d'exister par ses chose (on pense au couple des Choses de Perec, décrit par la somme étouffante de ses propriétés). Partant du constat que chaque siècle a son mal , le réalisateur aborde notre époque par les pathologies qu'elle engendre : les hikikomori dans De l'autre côté de la porte, l'entassement compulsif (le syndrome de Diogène) ici. Soit deux manières de s'isoler dans une société essentiellement centrifuge. mais parce qu'une vie est montrée par les effets qu'elle entraîne sur les autres, Pursuit of Loneliess est non une leçon de choses mais d'humilité, et le cinéma de Laurence thrush, résolument anti-individualiste." Louis Seguin, Les Cahiers du cinéma, mars 2016

Séances

jeudi 31/03 20:30 - - mercredi 6/04 20:30 - - samedi 9/04 15:00
dimanche 10/04 18:45 - - mardi 12/04 18:30


> Pursuit of Loneliness est aussi programmé au cinéma Le Concorde du 9 au 29 mars.